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Confinement : Les femmes et les enfants battus sont en danger

Confinement : Les femmes et les enfants battus sont en danger

La prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société. Ces patients parlent de leur combat pour ne pas passer à l’acte.

«Ces fantasmes, ça me pourrit la vie. Je ne veux pas finir comme un pervers.» Longtemps seul face à ses pulsions envers les enfants, Bastien est désormais suivi. Mais la prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société.

Cet ingénieur de 39 ans évoque dans le cabinet de sa psychologue ses pulsions qui «resurgissent de temps en temps»: «Dans ces moments-là, on se sent vraiment seul, on ne peut parler à personne.»

Pour éviter cet isolement, associations et psys essayent de promouvoir des structures d’aide, et même une ligne téléphonique spécialisée. Mais reconnaissent se heurter à des incompréhensions, dans une société qui cherche à mieux entendre la parole des victimes et peine parfois à concevoir que l’on s’intéresse aux auteurs.

«Un sujet tellement tabou»

«C’est dans l’ombre qu’ils sont les plus dangereux», assure la psychologue Inès Gauthier, spécialiste du sujet. «Il ne faut pas les rejeter, pour qu’ils puissent parler de leur problème et le comprendre».

«C’est un sujet tellement tabou. On met tout de suite le mot monstre, il n’y a pas de demi-mesure», constate Yannick, un musicien de 35 ans rencontré par l’AFP, accro aux images pédocriminelles.

«Hyper sexualisé» à l’âge de six ans, initié à des jeux sexuels avec un garçon d’environ 12 ans, il dit avoir gardé de cette époque le fantasme «de gamins entre 6 et 12 ans, avant la puberté», mais affirme n’avoir jamais agressé physiquement un enfant.

En 2016, il est interpellé puis condamné à trois ans d’injonction de soin et à un suivi socio-judiciaire. Dans son ordinateur, la police a trouvé 613 photos et 69 vidéos pédocriminelles.

«Toucher le fond»

«En garde à vue, c’est comme si j’avais touché le fond de la piscine pour ensuite remonter. Je parlais, parlais… C’était dur et à la fois libérateur», témoigne celui qui a depuis entamé une thérapie et participe à des groupes de paroles avec d’autres pédocriminels.

Bastien affirme lui aussi n’être jamais physiquement passé à l’acte. Mais il connaît des «phases de boulimie» d’images pédopornographiques – un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30’000 euros d’amende – qu’il tente de refréner.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison…» 

Lui-même agressé sexuellement, à l’âge de neuf ans, par un garçon d’environ 12 ans – une expérience source d’un «mélange de terreur et de plaisir (qu’il) n’aurait jamais dû ressentir» – il s’est découvert pédophile à 20 ans, en voyant sur internet une photo porno mettant en scène un adolescent.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison… Mais ce qui est horrible c’est que, comme l’alcoolisme ou les drogues, j’y retourne.»

En proie à un profond mal-être, il consulte un premier psychiatre à 23 ans, qu’il sent «bienveillant mais démuni» face à son problème. Quinze ans plus tard, il prend attache avec un Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS) et démarre un suivi.

Un auteur sur trois, lui-même déjà victime

En France, on estime que chaque année, plus de 130’000 filles et 35’000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols, en majorité incestueux. Un auteur sur trois aurait lui-même été victime de violences sexuelles dans son enfance.

En 2016, quelque 19’000 personnes ont été condamnées pour viol ou agression sexuelle sur mineur. Et 400 personnes sont condamnées chaque année pour détention d’images pédopornographiques.

Et encore, ces statistiques sur les pédocriminels ne disent rien du nombre de «pédophiles abstinents», ayant une attirance pour les corps prépubères, sans pour autant commettre d’infraction. Au total, 5 à 10% des adultes pourraient avoir des fantasmes pédophiles, selon le Dr Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des CRIAVS.

Or, «il faut prendre en compte les auteurs pour éviter la récidive, mais aussi ceux qui ne sont pas passés à l’acte, pour éviter qu’ils le fassent», ajoute cette psychiatre installée à Toulouse.

Groupe de paroles pour victimes et pédophiles

Du fait de leur difficulté à évoquer leurs pulsions, les pédophiles «s’enfoncent dans leur problème. Cela favorise le passage à l’acte, et aussi l’impossibilité de vivre une sexualité épanouie», souligne-t-elle.

Dans son salon de la banlieue parisienne, la présidente de l’association l’Ange bleu, Latifa Bennari, réunit chaque mois depuis 1998 pédophiles abstinents et agresseurs pour un groupe de parole qui associe aussi des victimes.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles»

Abusée la nuit pendant plusieurs années par son beau-père lorsqu’elle était enfant, Juliana, 45 ans, fréquente ce groupe pour «comprendre ce qui se passe dans la tête d’un pédophile». Son récit a permis à Bruno, père incestueux, de prendre conscience que ses enfants ne dormaient pas quand il abusait d’eux. Un choc.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles», analyse-t-il.

Il est «plus efficace d’apporter une écoute et une empathie pour sevrer que de durcir les peines d’emprisonnement», soutient Mme Bennari, estimant que «rien n’est fait pour éviter le premier passage à l’acte.»

Mais le message «reste compliqué à faire passer», observe le Dr Moncany, car la pédophilie suscite des «réactions encore très vives».

«On se heurte à des clichés, comme ce sont des monstres, pourquoi les aider? ou bien de toute façon, on ne peut pas les soigner. Alors qu’il y a des psychothérapies et des traitements médicamenteux validés», ajoute-t-elle. Encore faut-il pour cela, insiste Cécile Miele, sexologue à Clermont-Ferrand, former les soignants et déconstruire leurs propres clichés, car certains peuvent aussi avoir «peur pour leurs enfants».

Quant aux pédophiles, ils ont sur eux-mêmes «les mêmes préjugés, c’est pourquoi ils se détestent». «Ils consultent si on leur ouvre une porte. Sinon, ils ont bien trop honte.»

 

Source: 20minutes

https://www.20min.ch/fr/story/je-ne-veux-pas-finir-comme-un-pervers-612193833484
 

Les cas de maltraitance sur les enfants en hausse dans plusieurs hôpitaux

Les cas de maltraitance sur les enfants en hausse dans plusieurs hôpitaux

En 2019, le nombre de signalements de maltraitance envers les enfants a augmenté à l’hôpital pédiatrique de Zurich, a révélé lundi le service de protection de l’enfance et de conseil aux victimes. Les chiffres sont stables ou aussi en hausse dans d’autres grands hôpitaux.

Au total, 544 cas de maltraitance ont été signalés l’an dernier dans le canton de Zurich. C’est 16 de plus qu’en 2018, a indiqué lundi le service hospitalier pédiatrique de l’Université de Zurich. Après 2017, où 551 cas avaient été répertoriés, il s’agit de la deuxième année la plus inquiétante en matière de signalements de mauvais traitements sur des enfants.

Sur les 544 cas dont l’hôpital a eu connaissance, 387 cas (71%) ont été confirmés. Dans 128 autres cas, le doute subsistait. Dans 29 cas, enfin, les examens ont montré que des symptômes médicaux expliquaient l’état des enfants et qu’il n’y avait pas eu de maltraitance.

Toujours en 2019, dix cas de syndrome du bébé secoué ont été signalés, dont cinq ont été confirmés. Il n’y en avait eu que deux en 2018. L’hôpital pédiatrique espère que cette hausse n’est qu’un « dérapage statistique », après de nombreuses années de baisse du nombre de cas de ce genre suite au lancement d’une campagne en 1997.

Hausse au CHUV également

A Lausanne, le CHUV a également enregistré une hausse des cas de maltraitance infantile, avec plus de 600 cas pour 2019, contre 423 en 2017 et 501 en 2018.

« La question est toujours de savoir s’il y a plus de cas de maltraitance ou si la détection est plus efficace, grâce notamment à une meilleure formation des professionnels en contact avec ces familles », nuance toutefois le service de presse de l’établissement. Le nombre de bébés secoués est lui stable, avec un ou deux cas par année.

Chiffres stables ailleurs

Les cas de maltraitance infantile, comme ceux de bébés secoués, sont stables également au Kinderspital de Berne et aux HUG de Genève. Les HUG comptabilisent un à trois cas de bébés secoués par an, le Kinderspital de Berne de zéro à trois.

Les cas de maltraitance se sont eux élevés à 277 en 2019 aux HUG, contre 278 l’année précédente. L’hôpital bernois n’était de son côté pas en mesure de donner les derniers chiffres.

Le Kinderspital de Bâle fait aussi état de chiffres stables concernant les bébés secoués, sans être en mesure de préciser leur nombre pour 2019, ni celui des cas de maltraitance.

> Ecouter le sujet de l’émission CQFD consacré au syndrome des bébés secoués:

https://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/11029900-les-cas-de-maltraitance-sur-les-enfants-en-hausse-dans-plusieurs-hopitaux.html

Source: RTS

Plus de 1500 enfants hospitalisés pour maltraitances

Plus de 1500 enfants hospitalisés pour maltraitances

Plus de 1500 garçons et filles ont été hospitalisés pour maltraitance l’an dernier, indique la Société suisse de pédiatrie jeudi. Après des années d’augmentation, ces chiffres semblent se stabiliser à un niveau élevé.

Trois enfants sont décédés durant l’année après avoir subi des violences. Sur le total des hospitalisations, 244 cas (16,2%) concernaient des enfants dans leur première année de vie et un tiers de tous les enfants maltraités ont moins de quatre ans. C’est une phase de la vie où il y a peu de contrôle en dehors de la famille, remarque la Société suisse de pédiatrie, puisque ces enfants ne vont pas encore à l’école enfantine.

Mieux protéger les plus vulnérables

L’une des priorités de la prévention pourrait être de trouver les moyens de mieux atteindre et protéger ce groupe d’âge particulièrement vulnérable, ajoute la SSP dans un communiqué.

Les 1502 cas signalés en 2018 représentent un recul de près de 13%. Mais il est dû au fait qu’en 2017, une grande clinique avait également signalé des enfants qui avaient reçu des conseils mais sans être traités pour cause de violence domestique. Toutes les autres cliniques ont enregistré environ le même nombre d’enfants que l’année précédente.

Principalement dans le cadre familial

Les trois quarts des violences (1167, soit 77,7%) ont lieu dans le cadre familial. Elles sont causées le plus souvent par des hommes (39,5%). Les femmes sont à l’origine de 24,9% d’entre elles. Et 26,6% des cas ont été provoqués par des hommes et des femmes – « en général, les deux parents ». C’est notamment le cas de maltraitance psychique et de négligence.

Les autorités de poursuite pénale ont été saisies dans 273 cas l’an dernier. Dans 65 cas supplémentaires, le groupe de protection des enfants a recommandé de le faire.

ats/oang

Sa fille ne mangeait pas assez, il la rouait de coups

Sa fille ne mangeait pas assez, il la rouait de coups

Un père de famille érythréen comparaît pour maltraitance, quatorze mois après le décès de son enfant de 8 ans, soumise à des mois de torture.

L’affaire avait fait grand bruit en février 2018. Une fillette de 8 ans était décédée à l’hôpital des suites d’une infection. Or son corps était couvert d’hématomes. Depuis mercredi, ses parents sont jugés devant le Tribunal de Berne-Mittelland pour maltraitance.
Le père, un Érythréen de 40 ans ayant fui son pays il y a trois ans, est accusé d’avoir maltraité sa fille pendant au moins trois mois, relate la «Berner Zeitung».

Il voulait qu’elle mange

L’enfant aurait reçu quotidiennement des claques, des coups de poing ou des coups de ceinture parce qu’elle ne mangeait pas assez. «Je ne pouvais pas accepter cela en tant que père», a-t-il expliqué devant la Cour. L’homme forçait la fillette à ingurgiter de la nourriture jusqu’à ce qu’elle en vomisse, mais aussi à faire des séances de gymnastique intensives. «En Érythrée, il est normal de battre les enfants», s’est-il défendu, admettant être «allé trop loin».

Procédure pour maltraitance

Le lien entre les violences subies par la petite victime et son décès n’a pas pu être établi par l’enquête. Aussi l’accusation de meurtre n’a-t-elle pas été retenue contre le père, qui risque 2 ans de prison pour maltraitance. La mère a également été entendue comme prévenue, car elle n’a pas empêché les exactions commises par son mari. Cette femme de 33 ans justifie sa passivité par le fait qu’elle ne connaissait personne à qui elle aurait pu demander de l’aide. Elle aurait aussi été victime de brutalités de la part de son époux. Verdict aujourd’hui.

Source: 20 minutes

https://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Sa-fille-ne-mangeait-pas-assez–il-la-rouait-de-coups-14737802

Photo: Keystone/Peter Klaunzer

Maltraitance: Trop d’enfants témoins ou victimes

Maltraitance: Trop d’enfants témoins ou victimes

Une étude montre que les filles sont surtout victimes d’abus sexuels tandis que les garçons rapportent des cas de maltraitance physique ou de négligence.

Chaque année en Suisse, des dizaines de milliers d’enfants sont témoins ou victimes de violences physiques ou psychologiques, de négligence ou d’abus sexuel. Entre 30’000 et 50’000 de ces jeunes entrent en contact avec une organisation de soutien, selon une étude.

Ces chiffres représentent entre 2% et 3,3% des enfants de Suisse, précise la Fondation UBS Optimus dans sa dernière étude sur la maltraitance des enfants publiée mercredi. Certains d’entre eux sont mis en lien avec une organisation de protection de l’enfant pour la première fois, d’autres de façon récurrente. Le plus souvent, des parents, pédiatres ou psychologues scolaires signalent les cas.

Dans 22,4% des situations, soit le plus fréquemment, l’enfant est négligé, ce qui est toutefois faible en comparaison internationale, souligne l’étude. Suivent de près les signalements de maltraitance physique (20,2%) et psychologique (19,3%). Les témoins de violences conjugales constituent 18,7% des jeunes touchés, alors que 15,2% des signalements concernent des victimes d’abus sexuels.

Les enfants pris en charge sont presque toujours confrontés à la violence dans leur environnement immédiat: dans trois cas sur quatre, l’auteur de cette menace est un proche et, dans un cas sur trois, c’est l’un des parents (sauf pour les maltraitances sexuelles). Les cas de négligence sont attribuables surtout à des femmes et toutes les autres formes de mauvais traitements plutôt à des hommes.

Filles ou garçons

Les maltraitances sexuelles sont plus souvent repérées lorsque les victimes sont des filles, font également observer les auteurs de l’étude, les professeurs René Knüsel de l’Université de Lausanne et Andreas Jud de la Haute école spécialisée de Lucerne. A l’inverse, les garçons sont plus souvent enregistrés par les organisations de soutien pour des cas de maltraitance physique ou de négligence.

En outre, les jeunes dont la situation est rapportée à une organisation de protection de l’enfance ont en moyenne plus de dix ans. Selon les deux chercheurs, cela laisse supposer qu’en Suisse, la violence physique n’est détectée ou identifiée que tardivement dans certains domaines d’assistance.

Les chercheurs ont invité 432 organisations sur un total de 643 autorités de protection de l’enfant et de l’adulte, de services sociaux et de santé et de droit pénal à participer à l’enquête. Parmi elles, 81% ont mis à disposition leurs données brutes. Les chercheurs ont relevé les nouveaux cas (7651) saisis sur trois mois en 2016, avant de les extrapoler sur un an et sur les 643 entités.

Disparités régionales

De septembre à novembre 2016, les organisations de protection de l’enfant ayant participé à l’étude ont elles-mêmes assuré au total plus de 12’500 prestations d’assistance, et en ont demandé près de 9500 à des organisations tierces. Extrapolée sur une année, cette donnée représenterait de 67’000 à 111’000 prestations de services.

La Suisse dispose ainsi d’un réseau bien développé d’organisations pour faire face aux formes de mauvais traitements envers les enfants, notent les auteurs de l’étude. Il est toutefois difficile de savoir si la réponse apportée est toujours adéquate. Et de relever de grandes disparités géographiques: tous les enfants concernés ne bénéficient pas de la même protection selon les régions. (ats/nxp)

 

Source: Lematin.ch

https://www.lematin.ch/suisse/maltraitance-enfants-temoins-victimes/story/19968563

Image: Keystone