En Suisse, les épisodes de violence font malheureusement encore partie de la réalité quotidienne de nombreuses familles. Dans sa campagne, Protection de l’enfance Suisse a recours à des peluches comme observateurs et leur prête une voix.
Les enfants ne veulent pas toujours ce que souhaitent les parents. Ils s’opposent, discutent et crient. Il n’est pas rare alors que les réactions prennent la forme de châtiments psychologiques et physiques blessants. Dans de nombreuses familles en Suisse, les punitions de ce type sont une réalité quotidienne et continuent très souvent de faire partie de l’éducation – malheureusement.
La perspective des peluches
Acteurs passifs au cœur d’événements violents, les peluches sont particulièrement proches des enfants. Dans les moments de solitude, elles se tiennent avec courage à leurs côtés et leur offrent un appui et un réconfort. Comme témoins muets, ces fidèles compagnons des tout-petits adoptent une perspective particulière. Dans leur impuissance, nous reconnaissons l’incapacité d’agir des enfants ; dotées d’une voix, les peluches transmettent un message : il y a toujours une alternative à la violence. Le but est de pousser à réfléchir et d’encourager les parents à miser sur une éducation sans violence physique ou psychologique. « Par ce changement de perspective, nous sensibilisons à nouveau la société et l’invitons à parler et à agir à la place des enfants et de leurs peluches », explique Regula Bernhard Hug, directrice de Protection de l’enfance Suisse.
La perspective des parents et des grand-parents
Dans le court film documentaire de la deuxième phase de la campagne « Idées fortes – il y a toujours une alternative à la violence », des parents et des grands-parents racontent comment ils ont réagi par le passé quand ils se trouvaient confrontés à des situations de l’éducation qui les poussaient à bout dans la vie quotidienne avec des enfants. Il apparaît rapidement qu’aujourd’hui aussi, de nombreux parents recourent encore dans des situations stressantes à des punitions psychologiques ou physiques inappropriées comme moyen d’éducation. Les chiffres de l’étude actuelle réalisée par l’université de Fribourg sur mandat de Protection de l’enfance suisse montrent qu’un enfant sur deux en Suisse connaît la violence psychologique et/ou physique dans l’éducation. La fessés ou la gifle sont considérées aujourd’hui encore comme normales ou même parfois comme nécessaires dans une large frange de la société en Suisse. Le petit film permet de se rendre compte à quel point les parents et les grands-parents ont eux-mêmes souffert de ces mesures et s’en souviennent encore très bien, même maintenant.
Des parents et des grands-parents parlent de leur expérience personnelle concernant la violence physique et psychologique dans leur enfance et dans la vie de tous les jours avec leurs enfants et leurs petits-enfants. Beaucoup de mères et de pères se reconnaîtront dans ces descriptions. Il s’agit de situations de stress de la vie courante avec des enfants et qui poussent les parents à bout. Mais comment peut-on mieux réagir dans des situations de ce genre ? « Que puis-je faire, en tant que maman ou papa, pour ne pas perdre le contrôle de mes réactions et ne pas laisser échapper des gestes ou des mots que je pourrais regretter ?», se demandent de nombreux parents. Même si les idées semblent simples au premier abord, elles sont efficaces : « Quand les enfants font une bêtise, je compte jusqu’à dix » ou « Quand je perds patience avec les enfants, je vais me promener » sont des alternatives simples mais efficaces dans la perspective des parents et/ou des grands-parents. Elles montrent à d’autres parents qu’il y a toujours une alternative à la violence. Si les parents parviennent ainsi à désamorcer la situation, ils réussiront mieux à mettre en pratique un mode d’éducation positif : la transmission de règles précises et de limites claires dans un climat de compréhension et de bienveillance.
La perspective des enfants
Dans le court film documentaire de la première phase de la campagne, des enfants vivant en Suisse racontent comment leurs parents réagissent quand ils n’obéissent pas ou qu’ils ont fait une bêtise. Il apparaît rapidement qu’aujourd’hui encore, beaucoup de parents recourent régulièrement à des punitions douloureuses ou humiliantes comme moyen d’éducation quand ils se trouvent dans des situations stressantes. Ce film permet de se rendre compte à quel point les enfants souffrent de ces mesures et de la violence qui leur est associée.
Alors que les appels vers les services français pour l’enfance en danger ont augmenté de 80% depuis le début du confinement, les services de protection de l’enfance suisses ne sont pour l’instant pas débordés, mais cet état n’est sans doute que provisoire. Explications.
La triste logique voudrait que la crise du coronavirus et son confinement accroissent le risque de maltraitance envers les enfants et adolescents. Pourtant, les foyers d’accueil d’urgence, qui accusent habituellement des listes d’attente, sont à moitié vides.
« Nous avons eu très peu de demandes d’admission en urgence, en tout cas durant le premier mois. On imaginait que toute une série de situations qui étaient dans un équilibre fragile allaient exploser, mais ça n’a pour l’instant pas été le cas », explique jeudi dans le 19h30 Jacques Cornu, directeur adjoint de la fondation « La Rambarde ».
De 271 à 165 cas dans le canton de Vaud
La fermeture des écoles, lieu privilégié des signalements de maltraitance, en est l’une des raisons principales.
Les chiffres du Service de la protection de la jeunesse du canton de Vaud, miroir de ce qui se passe dans les autres cantons et par où transitent tous les signalements, corroborent cet état des lieux. Pour la même période, 271 cas ont été enregistrés l’an dernier contre 165 cette année, et 53 parents ont demandé de l’aide en 2019 contre 30 en période de confinement.
Campagne de prévention
Car oui, ce sont souvent les parents qui appellent à l’aide, raison pour laquelle la protection de l’enfance suisse a lancé la semaine dernière une campagne de prévention.
« Nous savons depuis 2018 qu’un enfant sur deux souffre de violence à la maison. De la violence physique, psychologique, des abus sexuels ou de la négligence. C’est pour ça qu’on a réuni des idées fortes pour la campagne, car il y a toujours une alternative à la violence », précise Regula Bernhard Hug, directrice de la Fondation Protection de l’enfance suisse.
Cette campagne de prévention ne remplace pas l’importance de la réouverture des écoles, car ce sera là seulement que l’on découvrira l’ampleur des dégâts. « On ne sais pas ce qu’il y a derrière, on ne sait pas ce qu’on va découvrir », conclut Jacques Cornu.
«Ces fantasmes, ça me pourrit la vie. Je ne veux pas finir comme un pervers.» Longtemps seul face à ses pulsions envers les enfants, Bastien est désormais suivi. Mais la prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société.
Cet ingénieur de 39 ans évoque dans le cabinet de sa psychologue ses pulsions qui «resurgissent de temps en temps»: «Dans ces moments-là, on se sent vraiment seul, on ne peut parler à personne.»
Pour éviter cet isolement, associations et psys essayent de promouvoir des structures d’aide, et même une ligne téléphonique spécialisée. Mais reconnaissent se heurter à des incompréhensions, dans une société qui cherche à mieux entendre la parole des victimes et peine parfois à concevoir que l’on s’intéresse aux auteurs.
«Un sujet tellement tabou»
«C’est dans l’ombre qu’ils sont les plus dangereux», assure la psychologue Inès Gauthier, spécialiste du sujet. «Il ne faut pas les rejeter, pour qu’ils puissent parler de leur problème et le comprendre».
«C’est un sujet tellement tabou. On met tout de suite le mot monstre, il n’y a pas de demi-mesure», constate Yannick, un musicien de 35 ans rencontré par l’AFP, accro aux images pédocriminelles.
«Hyper sexualisé» à l’âge de six ans, initié à des jeux sexuels avec un garçon d’environ 12 ans, il dit avoir gardé de cette époque le fantasme «de gamins entre 6 et 12 ans, avant la puberté», mais affirme n’avoir jamais agressé physiquement un enfant.
En 2016, il est interpellé puis condamné à trois ans d’injonction de soin et à un suivi socio-judiciaire. Dans son ordinateur, la police a trouvé 613 photos et 69 vidéos pédocriminelles.
«Toucher le fond»
«En garde à vue, c’est comme si j’avais touché le fond de la piscine pour ensuite remonter. Je parlais, parlais… C’était dur et à la fois libérateur», témoigne celui qui a depuis entamé une thérapie et participe à des groupes de paroles avec d’autres pédocriminels.
Bastien affirme lui aussi n’être jamais physiquement passé à l’acte. Mais il connaît des «phases de boulimie» d’images pédopornographiques – un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30’000 euros d’amende – qu’il tente de refréner.
«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison…»
Lui-même agressé sexuellement, à l’âge de neuf ans, par un garçon d’environ 12 ans – une expérience source d’un «mélange de terreur et de plaisir (qu’il) n’aurait jamais dû ressentir» – il s’est découvert pédophile à 20 ans, en voyant sur internet une photo porno mettant en scène un adolescent.
«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison… Mais ce qui est horrible c’est que, comme l’alcoolisme ou les drogues, j’y retourne.»
En proie à un profond mal-être, il consulte un premier psychiatre à 23 ans, qu’il sent «bienveillant mais démuni» face à son problème. Quinze ans plus tard, il prend attache avec un Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS) et démarre un suivi.
Un auteur sur trois, lui-même déjà victime
En France, on estime que chaque année, plus de 130’000 filles et 35’000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols, en majorité incestueux. Un auteur sur trois aurait lui-même été victime de violences sexuelles dans son enfance.
En 2016, quelque 19’000 personnes ont été condamnées pour viol ou agression sexuelle sur mineur. Et 400 personnes sont condamnées chaque année pour détention d’images pédopornographiques.
Et encore, ces statistiques sur les pédocriminels ne disent rien du nombre de «pédophiles abstinents», ayant une attirance pour les corps prépubères, sans pour autant commettre d’infraction. Au total, 5 à 10% des adultes pourraient avoir des fantasmes pédophiles, selon le Dr Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des CRIAVS.
Or, «il faut prendre en compte les auteurs pour éviter la récidive, mais aussi ceux qui ne sont pas passés à l’acte, pour éviter qu’ils le fassent», ajoute cette psychiatre installée à Toulouse.
Groupe de paroles pour victimes et pédophiles
Du fait de leur difficulté à évoquer leurs pulsions, les pédophiles «s’enfoncent dans leur problème. Cela favorise le passage à l’acte, et aussi l’impossibilité de vivre une sexualité épanouie», souligne-t-elle.
Dans son salon de la banlieue parisienne, la présidente de l’association l’Ange bleu, Latifa Bennari, réunit chaque mois depuis 1998 pédophiles abstinents et agresseurs pour un groupe de parole qui associe aussi des victimes.
«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles»
Abusée la nuit pendant plusieurs années par son beau-père lorsqu’elle était enfant, Juliana, 45 ans, fréquente ce groupe pour «comprendre ce qui se passe dans la tête d’un pédophile». Son récit a permis à Bruno, père incestueux, de prendre conscience que ses enfants ne dormaient pas quand il abusait d’eux. Un choc.
«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles», analyse-t-il.
Il est «plus efficace d’apporter une écoute et une empathie pour sevrer que de durcir les peines d’emprisonnement», soutient Mme Bennari, estimant que «rien n’est fait pour éviter le premier passage à l’acte.»
Mais le message «reste compliqué à faire passer», observe le Dr Moncany, car la pédophilie suscite des «réactions encore très vives».
«On se heurte à des clichés, comme ce sont des monstres, pourquoi les aider? ou bien de toute façon, on ne peut pas les soigner. Alors qu’il y a des psychothérapies et des traitements médicamenteux validés», ajoute-t-elle. Encore faut-il pour cela, insiste Cécile Miele, sexologue à Clermont-Ferrand, former les soignants et déconstruire leurs propres clichés, car certains peuvent aussi avoir «peur pour leurs enfants».
Quant aux pédophiles, ils ont sur eux-mêmes «les mêmes préjugés, c’est pourquoi ils se détestent». «Ils consultent si on leur ouvre une porte. Sinon, ils ont bien trop honte.»
La prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société. Ces patients parlent de leur combat pour ne pas passer à l’acte.
«Ces fantasmes, ça me pourrit la vie. Je ne veux pas finir comme un pervers.» Longtemps seul face à ses pulsions envers les enfants, Bastien est désormais suivi. Mais la prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société.
Cet ingénieur de 39 ans évoque dans le cabinet de sa psychologue ses pulsions qui «resurgissent de temps en temps»: «Dans ces moments-là, on se sent vraiment seul, on ne peut parler à personne.»
Pour éviter cet isolement, associations et psys essayent de promouvoir des structures d’aide, et même une ligne téléphonique spécialisée. Mais reconnaissent se heurter à des incompréhensions, dans une société qui cherche à mieux entendre la parole des victimes et peine parfois à concevoir que l’on s’intéresse aux auteurs.
«Un sujet tellement tabou»
«C’est dans l’ombre qu’ils sont les plus dangereux», assure la psychologue Inès Gauthier, spécialiste du sujet. «Il ne faut pas les rejeter, pour qu’ils puissent parler de leur problème et le comprendre».
«C’est un sujet tellement tabou. On met tout de suite le mot monstre, il n’y a pas de demi-mesure», constate Yannick, un musicien de 35 ans rencontré par l’AFP, accro aux images pédocriminelles.
«Hyper sexualisé» à l’âge de six ans, initié à des jeux sexuels avec un garçon d’environ 12 ans, il dit avoir gardé de cette époque le fantasme «de gamins entre 6 et 12 ans, avant la puberté», mais affirme n’avoir jamais agressé physiquement un enfant.
En 2016, il est interpellé puis condamné à trois ans d’injonction de soin et à un suivi socio-judiciaire. Dans son ordinateur, la police a trouvé 613 photos et 69 vidéos pédocriminelles.
«Toucher le fond»
«En garde à vue, c’est comme si j’avais touché le fond de la piscine pour ensuite remonter. Je parlais, parlais… C’était dur et à la fois libérateur», témoigne celui qui a depuis entamé une thérapie et participe à des groupes de paroles avec d’autres pédocriminels.
Bastien affirme lui aussi n’être jamais physiquement passé à l’acte. Mais il connaît des «phases de boulimie» d’images pédopornographiques – un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30’000 euros d’amende – qu’il tente de refréner.
«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison…»
Lui-même agressé sexuellement, à l’âge de neuf ans, par un garçon d’environ 12 ans – une expérience source d’un «mélange de terreur et de plaisir (qu’il) n’aurait jamais dû ressentir» – il s’est découvert pédophile à 20 ans, en voyant sur internet une photo porno mettant en scène un adolescent.
«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison… Mais ce qui est horrible c’est que, comme l’alcoolisme ou les drogues, j’y retourne.»
En proie à un profond mal-être, il consulte un premier psychiatre à 23 ans, qu’il sent «bienveillant mais démuni» face à son problème. Quinze ans plus tard, il prend attache avec un Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS) et démarre un suivi.
Un auteur sur trois, lui-même déjà victime
En France, on estime que chaque année, plus de 130’000 filles et 35’000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols, en majorité incestueux. Un auteur sur trois aurait lui-même été victime de violences sexuelles dans son enfance.
En 2016, quelque 19’000 personnes ont été condamnées pour viol ou agression sexuelle sur mineur. Et 400 personnes sont condamnées chaque année pour détention d’images pédopornographiques.
Et encore, ces statistiques sur les pédocriminels ne disent rien du nombre de «pédophiles abstinents», ayant une attirance pour les corps prépubères, sans pour autant commettre d’infraction. Au total, 5 à 10% des adultes pourraient avoir des fantasmes pédophiles, selon le Dr Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des CRIAVS.
Or, «il faut prendre en compte les auteurs pour éviter la récidive, mais aussi ceux qui ne sont pas passés à l’acte, pour éviter qu’ils le fassent», ajoute cette psychiatre installée à Toulouse.
Groupe de paroles pour victimes et pédophiles
Du fait de leur difficulté à évoquer leurs pulsions, les pédophiles «s’enfoncent dans leur problème. Cela favorise le passage à l’acte, et aussi l’impossibilité de vivre une sexualité épanouie», souligne-t-elle.
Dans son salon de la banlieue parisienne, la présidente de l’association l’Ange bleu, Latifa Bennari, réunit chaque mois depuis 1998 pédophiles abstinents et agresseurs pour un groupe de parole qui associe aussi des victimes.
«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles»
Abusée la nuit pendant plusieurs années par son beau-père lorsqu’elle était enfant, Juliana, 45 ans, fréquente ce groupe pour «comprendre ce qui se passe dans la tête d’un pédophile». Son récit a permis à Bruno, père incestueux, de prendre conscience que ses enfants ne dormaient pas quand il abusait d’eux. Un choc.
«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles», analyse-t-il.
Il est «plus efficace d’apporter une écoute et une empathie pour sevrer que de durcir les peines d’emprisonnement», soutient Mme Bennari, estimant que «rien n’est fait pour éviter le premier passage à l’acte.»
Mais le message «reste compliqué à faire passer», observe le Dr Moncany, car la pédophilie suscite des «réactions encore très vives».
«On se heurte à des clichés, comme ce sont des monstres, pourquoi les aider? ou bien de toute façon, on ne peut pas les soigner. Alors qu’il y a des psychothérapies et des traitements médicamenteux validés», ajoute-t-elle. Encore faut-il pour cela, insiste Cécile Miele, sexologue à Clermont-Ferrand, former les soignants et déconstruire leurs propres clichés, car certains peuvent aussi avoir «peur pour leurs enfants».
Quant aux pédophiles, ils ont sur eux-mêmes «les mêmes préjugés, c’est pourquoi ils se détestent». «Ils consultent si on leur ouvre une porte. Sinon, ils ont bien trop honte.»
En 2019, le nombre de signalements de maltraitance envers les enfants a augmenté à l’hôpital pédiatrique de Zurich, a révélé lundi le service de protection de l’enfance et de conseil aux victimes. Les chiffres sont stables ou aussi en hausse dans d’autres grands hôpitaux.
Au total, 544 cas de maltraitance ont été signalés l’an dernier dans le canton de Zurich. C’est 16 de plus qu’en 2018, a indiqué lundi le service hospitalier pédiatrique de l’Université de Zurich. Après 2017, où 551 cas avaient été répertoriés, il s’agit de la deuxième année la plus inquiétante en matière de signalements de mauvais traitements sur des enfants.
Sur les 544 cas dont l’hôpital a eu connaissance, 387 cas (71%) ont été confirmés. Dans 128 autres cas, le doute subsistait. Dans 29 cas, enfin, les examens ont montré que des symptômes médicaux expliquaient l’état des enfants et qu’il n’y avait pas eu de maltraitance.
Toujours en 2019, dix cas de syndrome du bébé secoué ont été signalés, dont cinq ont été confirmés. Il n’y en avait eu que deux en 2018. L’hôpital pédiatrique espère que cette hausse n’est qu’un « dérapage statistique », après de nombreuses années de baisse du nombre de cas de ce genre suite au lancement d’une campagne en 1997.
Hausse au CHUV également
A Lausanne, le CHUV a également enregistré une hausse des cas de maltraitance infantile, avec plus de 600 cas pour 2019, contre 423 en 2017 et 501 en 2018.
« La question est toujours de savoir s’il y a plus de cas de maltraitance ou si la détection est plus efficace, grâce notamment à une meilleure formation des professionnels en contact avec ces familles », nuance toutefois le service de presse de l’établissement. Le nombre de bébés secoués est lui stable, avec un ou deux cas par année.
Chiffres stables ailleurs
Les cas de maltraitance infantile, comme ceux de bébés secoués, sont stables également au Kinderspital de Berne et aux HUG de Genève. Les HUG comptabilisent un à trois cas de bébés secoués par an, le Kinderspital de Berne de zéro à trois.
Les cas de maltraitance se sont eux élevés à 277 en 2019 aux HUG, contre 278 l’année précédente. L’hôpital bernois n’était de son côté pas en mesure de donner les derniers chiffres.
Le Kinderspital de Bâle fait aussi état de chiffres stables concernant les bébés secoués, sans être en mesure de préciser leur nombre pour 2019, ni celui des cas de maltraitance.
> Ecouter le sujet de l’émission CQFD consacré au syndrome des bébés secoués: