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Le corona a dopé la demande d’images pédopornographiques

Le corona a dopé la demande d’images pédopornographiques

L’agence européenne de police parle d’une hausse de 30% des consultations d’images pédopornographiques.

La demande d’images et de vidéos pédopornographiques a augmenté pendant le confinement imposé pour lutter contre la propagation du coronavirus, révèle la «NZZ am Sonntag». L’agence européenne de police, Europol, citée par le journal, parle d’une hausse de 30%.

En Suisse, l’Office fédéral de la police (Fedpol) a également constaté une augmentation entre mars et mai. Mais poursuivre les auteurs de ces actes reste une tâche difficile, note le journal. Les autorités suisses de poursuite pénale ont négligé le sujet pendant des années, expliquent des enquêteurs.

«Le phénomène de la criminalité pédosexuelle n’est pas connu dans toute son ampleur par toutes les autorités concernées», indique un rapport interne de Fedpol, que la «NZZ am Sonntag» a consulté.

Elle veut signaler des abus, on l’incite à se taire

Elle veut signaler des abus, on l’incite à se taire

Une fille de 8 ans a confié à une médecin du Service de psychiatrie qu’elle était victime de violences sexuelles de la part de son père depuis des années.

Une sombre affaire de pédophilie secoue actuellement le canton de Bâle-Campagne. Le 22 avril dernier, une fille de 8 ans a confié à une médecin du Service de psychiatrie pour enfants et adolescents qu’elle était victime de violences sexuelles de la part de son père depuis des années. Malgré la gravité des accusations, le service de psychiatrie a attendu douze jours avant d’informer l’autorité responsable de la protection des enfants et des adultes. Des poursuites pénales ont été engagées contre la thérapeute et son supérieur hiérarchique pour violation de leurs obligations officielles.

Des recherches de la «Basler Zeitung» montrent désormais que les abus auraient pu être poursuivis bien avant déjà. Une colocataire du père de la fillette explique au journal avoir pris contact avec l’Autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA) Dorneck au printemps 2019. Elle voulait y déposer un avis de détresse, soupçonnant que quelque chose ne jouait pas avec son colocataire. Or, tant la directrice de l’APEA Dorneck qu’une des employés l’auraient poussée à retirer son avis de détresse.

«Je l’entendais crier et pleurer»

Dans une lettre adressée au journal alémanique, la femme explique: «On ne voyait quasiment jamais la fillette quand elle venait rendre visite à son père. Mais j’ai malgré tout remarqué que quelque chose n’allait pas. C’était louche de le voir s’enfermer avec sa fille aux toilettes, parfois jusqu’à 15 minutes. La petite avait 6 ans à l’époque. Elle était donc assez grande pour pouvoir aller toute seule aux toilettes.» Et d’ajouter: «Je l’entendais crier et pleurer.»

Or, au lieu de la prendre au sérieux, l’APEA lui aurait dit que ces accusations pouvaient avoir de graves conséquences pour le père. «On m’a même reproché d’avoir été envoyée par la mère de l’enfant. Mais je ne la connais même pas! Je me suis retrouvée face à deux personnes (ndlr: la directrice et l’employée) qui soutenaient le père. On m’a attaquée alors que je voulais juste venir en aide à une pauvre fille sans défense.»

Pour l’avocat de la mère de la fillette, la situation est limpide: «Il s’agit ici d’une dissimulation de preuve.» Il va déposer une plainte pénale en ce sens encore cette semaine.

Source: 20 minutes

https://www.20min.ch/fr/story/elle-veut-signaler-des-abus-on-lincite-a-se-taire-236009613901

Briser un silence destructeur

Briser un silence destructeur

Abusée par son père avec la complicité de sa mère durant son enfance, Marie déclare que c’est le travail sur elle-même effectué avec l’aide de trois thérapeutes qui lui a permis de s’en sortir. Elle ne témoigne pas dans un esprit de vengeance, mais simplement pour transmettre un message d’espoir aux victimes d’abus en les incitants à parler. «Il n’y a rien de plus destructeur que le silence !», s’exclame cette quadragénaire qui est revenue s’établir dans le Jura bernois plus de vingt après son départ pour l’Arc lémanique. «On m’a volé mon enfance, mais pas mes racines», confie Marie, qui a repris goût à la vie après une lutte longue et douloureuse durant laquelle son courage a accompagné sa rage. 

«Vous n’avez pas gagné. Je n’ai pluspeur de vous !» Tels sont les mots prononcés par Marie à l’égard de ses parents lorsque nous avons recueilli son témoignage, aussi poignant que bouleversant. Composé d’inceste, d’abus sexuels et de maltraitance, son calvaire fut également vécu par ses trois sœurs et son frère. «Manipulatrice, ma mère missionnait mon père pour nous infliger ces horreurs quand il rentrait le soir après son travail», confie-t-elle. «Dans mon cas, il me frappait en profitant de moi. Si je me suis longtemps murée dans le silence, c’est tout simplement parce que rien n’indiquait que je n’étais pas dans la normalité, aussi bizarre que cela puisse paraître.» 

Vaine tentative d’appel à l’aide 

Ce qui révolte le plus Marie, dans cette histoire, c’est que son appel à l’aide lancé aux autorités de son village alors qu’elle avait 19 ans n’a pas trouvé un écho favorable sous prétexte que des gens qui se rendent à l’église ne peuvent pas commettre des actes aussi odieux. «J’aurais préféré avoir un bras en moins. Dans ce cas, on aurait reconnu mon handicap. Mais-là, rien ne transparaissait de mon vécu et à force de secouer le sac à merde, c’est moi qui passait pour la coupable et non pas pour la victime. Je suis même devenue le problème de la famille. Cherchez l’erreur !» Et Marie d’ajouter : «Evidemment, j’aurais aussi pu me tourner en direction de la justice, mais c’est lourd et compliqué. J’ai préféré garder mon énergie pour m’occuper de moi et je ne le regrette pas.» Dans son témoignage, Marie explique qu’elle n’a pas seulement vécu l’enfer dans le cadre familial, mais également à l’école où son look directement sorti du feuilleton «La Petite Maison dans la prairie» et l’affiliation avérée de ses parents à la religion attiraient les moqueries des autres enfants comme un aimant. Un calvaire supplémentaire pour Marie dont le chemin de croix lui a réservé moult souffrances comme une tentative de suicide et l’automutilation que sa mère pratiquait également. Parmi les faits marquants de son existence, on citera cette phrase de son père, prononcée alors qu’il ne l’avait plus vu depuis 15 ans : «Tu resteras toujours ma fille et je ne t’en veux pas.» Glaçant ! 

Une éducation assurée par les thérapeutes 

Les débuts de sa vie professionnelle ne furent guère plus glorieux puisqu’elle a enchaîné les petits boulots dans la restauration et la vente sans véritablement trouver le chemin de l’épanouissement. Son salut, Marie l’a trouvé durant sa période de reconstruction grâce à l’aide de trois thérapeutes, en l’occurrence trois dames, qui ont non seulement joué un rôle décisif sur son effet psychologique, mais également sur son éducation et sa manière de s’exprimer: «Dans mon malheur, j’ai eu la chance de saisir la perche qu’on me tendait», explique-t-elle. «Et si j’ai sauvé ma peau, c’est aussi parce que j’ai quitté le village familial. J’ai toujours su que je partirais un jour…» Après plus de vingt ans passés respectivement à Lausanne et à Genève, Marie a réussi à surmonter ses peurs et ses angoisses. Paradoxalement, c’est là où le destin s’est acharné sur elle sans pitié que Marie a décidé de déposer son baluchon. «Je considère un peu ce retour aux sources comme un pied de nez. En fait, c’est ma plus grande victoire ! On m’a volé mon enfance, mais pas mes racines. Ce n’est pas moi qui ai fait le mal. Je n’ai rien à me reprocher; il n’y avait donc aucune raison pour que je continue à me cacher. Mon sentiment de culpabilité n’a pas encore totalement disparu, mais il n’est plus du tout comparable avec celui qui m’a rongé durant toutes ces années.» S’agissant de l’aspect relationnel, Marie précise qu’elle développe toujours une forme de méfiance envers son prochain en ajoutant que sa douloureuse expérience l’a transformé en radar ambulant. «C’est un peu comme si j’étais doté d’un sixième sens», relève-t-elle. 

«Le silence tue, brisons-le !»

Aujourd’hui, Marie a repris goût à la vie : «Je suis en paix avec moi-même. J’ai opéré une reconversion professionnelle dans le monde de la photographie et j’y trouve la sérénité.» Pour conclure, elle tient à préciser que le fait de relater son témoignage dans les médias n’est pas lié à un esprit de vengeance. Sa démarche vise uniquement à transmettre un message d’espoir aux personnes qui subissent un sort identique en les incitants à parler. «Le silence tue. Il faut le briser pour emprunter la voie qui mène à la délivrance avant qu’il ne soit trop tard.» 

Olivier Odiet / image:  idd

Le pédophile pouvait travailler avec des enfants

Le pédophile pouvait travailler avec des enfants

La prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société. Ces patients parlent de leur combat pour ne pas passer à l’acte.

«Ces fantasmes, ça me pourrit la vie. Je ne veux pas finir comme un pervers.» Longtemps seul face à ses pulsions envers les enfants, Bastien est désormais suivi. Mais la prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société.

Cet ingénieur de 39 ans évoque dans le cabinet de sa psychologue ses pulsions qui «resurgissent de temps en temps»: «Dans ces moments-là, on se sent vraiment seul, on ne peut parler à personne.»

Pour éviter cet isolement, associations et psys essayent de promouvoir des structures d’aide, et même une ligne téléphonique spécialisée. Mais reconnaissent se heurter à des incompréhensions, dans une société qui cherche à mieux entendre la parole des victimes et peine parfois à concevoir que l’on s’intéresse aux auteurs.

«Un sujet tellement tabou»

«C’est dans l’ombre qu’ils sont les plus dangereux», assure la psychologue Inès Gauthier, spécialiste du sujet. «Il ne faut pas les rejeter, pour qu’ils puissent parler de leur problème et le comprendre».

«C’est un sujet tellement tabou. On met tout de suite le mot monstre, il n’y a pas de demi-mesure», constate Yannick, un musicien de 35 ans rencontré par l’AFP, accro aux images pédocriminelles.

«Hyper sexualisé» à l’âge de six ans, initié à des jeux sexuels avec un garçon d’environ 12 ans, il dit avoir gardé de cette époque le fantasme «de gamins entre 6 et 12 ans, avant la puberté», mais affirme n’avoir jamais agressé physiquement un enfant.

En 2016, il est interpellé puis condamné à trois ans d’injonction de soin et à un suivi socio-judiciaire. Dans son ordinateur, la police a trouvé 613 photos et 69 vidéos pédocriminelles.

«Toucher le fond»

«En garde à vue, c’est comme si j’avais touché le fond de la piscine pour ensuite remonter. Je parlais, parlais… C’était dur et à la fois libérateur», témoigne celui qui a depuis entamé une thérapie et participe à des groupes de paroles avec d’autres pédocriminels.

Bastien affirme lui aussi n’être jamais physiquement passé à l’acte. Mais il connaît des «phases de boulimie» d’images pédopornographiques – un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30’000 euros d’amende – qu’il tente de refréner.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison…» 

Lui-même agressé sexuellement, à l’âge de neuf ans, par un garçon d’environ 12 ans – une expérience source d’un «mélange de terreur et de plaisir (qu’il) n’aurait jamais dû ressentir» – il s’est découvert pédophile à 20 ans, en voyant sur internet une photo porno mettant en scène un adolescent.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison… Mais ce qui est horrible c’est que, comme l’alcoolisme ou les drogues, j’y retourne.»

En proie à un profond mal-être, il consulte un premier psychiatre à 23 ans, qu’il sent «bienveillant mais démuni» face à son problème. Quinze ans plus tard, il prend attache avec un Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS) et démarre un suivi.

Un auteur sur trois, lui-même déjà victime

En France, on estime que chaque année, plus de 130’000 filles et 35’000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols, en majorité incestueux. Un auteur sur trois aurait lui-même été victime de violences sexuelles dans son enfance.

En 2016, quelque 19’000 personnes ont été condamnées pour viol ou agression sexuelle sur mineur. Et 400 personnes sont condamnées chaque année pour détention d’images pédopornographiques.

Et encore, ces statistiques sur les pédocriminels ne disent rien du nombre de «pédophiles abstinents», ayant une attirance pour les corps prépubères, sans pour autant commettre d’infraction. Au total, 5 à 10% des adultes pourraient avoir des fantasmes pédophiles, selon le Dr Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des CRIAVS.

Or, «il faut prendre en compte les auteurs pour éviter la récidive, mais aussi ceux qui ne sont pas passés à l’acte, pour éviter qu’ils le fassent», ajoute cette psychiatre installée à Toulouse.

Groupe de paroles pour victimes et pédophiles

Du fait de leur difficulté à évoquer leurs pulsions, les pédophiles «s’enfoncent dans leur problème. Cela favorise le passage à l’acte, et aussi l’impossibilité de vivre une sexualité épanouie», souligne-t-elle.

Dans son salon de la banlieue parisienne, la présidente de l’association l’Ange bleu, Latifa Bennari, réunit chaque mois depuis 1998 pédophiles abstinents et agresseurs pour un groupe de parole qui associe aussi des victimes.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles»

Abusée la nuit pendant plusieurs années par son beau-père lorsqu’elle était enfant, Juliana, 45 ans, fréquente ce groupe pour «comprendre ce qui se passe dans la tête d’un pédophile». Son récit a permis à Bruno, père incestueux, de prendre conscience que ses enfants ne dormaient pas quand il abusait d’eux. Un choc.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles», analyse-t-il.

Il est «plus efficace d’apporter une écoute et une empathie pour sevrer que de durcir les peines d’emprisonnement», soutient Mme Bennari, estimant que «rien n’est fait pour éviter le premier passage à l’acte.»

Mais le message «reste compliqué à faire passer», observe le Dr Moncany, car la pédophilie suscite des «réactions encore très vives».

«On se heurte à des clichés, comme ce sont des monstres, pourquoi les aider? ou bien de toute façon, on ne peut pas les soigner. Alors qu’il y a des psychothérapies et des traitements médicamenteux validés», ajoute-t-elle. Encore faut-il pour cela, insiste Cécile Miele, sexologue à Clermont-Ferrand, former les soignants et déconstruire leurs propres clichés, car certains peuvent aussi avoir «peur pour leurs enfants».

Quant aux pédophiles, ils ont sur eux-mêmes «les mêmes préjugés, c’est pourquoi ils se détestent». «Ils consultent si on leur ouvre une porte. Sinon, ils ont bien trop honte.»

 

Source: 20minutes

https://www.20min.ch/fr/story/je-ne-veux-pas-finir-comme-un-pervers-612193833484
 

«Je ne veux pas finir comme un pervers»

«Ces fantasmes, ça me pourrit la vie. Je ne veux pas finir comme un pervers.» Longtemps seul face à ses pulsions envers les enfants, Bastien est désormais suivi. Mais la prise en charge thérapeutique des pédophiles, qui pourrait empêcher des agressions, reste balbutiante face aux réticences de la société.

Cet ingénieur de 39 ans évoque dans le cabinet de sa psychologue ses pulsions qui «resurgissent de temps en temps»: «Dans ces moments-là, on se sent vraiment seul, on ne peut parler à personne.»

Pour éviter cet isolement, associations et psys essayent de promouvoir des structures d’aide, et même une ligne téléphonique spécialisée. Mais reconnaissent se heurter à des incompréhensions, dans une société qui cherche à mieux entendre la parole des victimes et peine parfois à concevoir que l’on s’intéresse aux auteurs.

«Un sujet tellement tabou»

«C’est dans l’ombre qu’ils sont les plus dangereux», assure la psychologue Inès Gauthier, spécialiste du sujet. «Il ne faut pas les rejeter, pour qu’ils puissent parler de leur problème et le comprendre».

«C’est un sujet tellement tabou. On met tout de suite le mot monstre, il n’y a pas de demi-mesure», constate Yannick, un musicien de 35 ans rencontré par l’AFP, accro aux images pédocriminelles.

«Hyper sexualisé» à l’âge de six ans, initié à des jeux sexuels avec un garçon d’environ 12 ans, il dit avoir gardé de cette époque le fantasme «de gamins entre 6 et 12 ans, avant la puberté», mais affirme n’avoir jamais agressé physiquement un enfant.

En 2016, il est interpellé puis condamné à trois ans d’injonction de soin et à un suivi socio-judiciaire. Dans son ordinateur, la police a trouvé 613 photos et 69 vidéos pédocriminelles.

«Toucher le fond»

«En garde à vue, c’est comme si j’avais touché le fond de la piscine pour ensuite remonter. Je parlais, parlais… C’était dur et à la fois libérateur», témoigne celui qui a depuis entamé une thérapie et participe à des groupes de paroles avec d’autres pédocriminels.

Bastien affirme lui aussi n’être jamais physiquement passé à l’acte. Mais il connaît des «phases de boulimie» d’images pédopornographiques – un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30’000 euros d’amende – qu’il tente de refréner.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison…» 

Lui-même agressé sexuellement, à l’âge de neuf ans, par un garçon d’environ 12 ans – une expérience source d’un «mélange de terreur et de plaisir (qu’il) n’aurait jamais dû ressentir» – il s’est découvert pédophile à 20 ans, en voyant sur internet une photo porno mettant en scène un adolescent.

«Tout m’a explosé à la figure. Je me suis rendu compte que j’étais un criminel, que j’allais finir en prison… Mais ce qui est horrible c’est que, comme l’alcoolisme ou les drogues, j’y retourne.»

En proie à un profond mal-être, il consulte un premier psychiatre à 23 ans, qu’il sent «bienveillant mais démuni» face à son problème. Quinze ans plus tard, il prend attache avec un Centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS) et démarre un suivi.

Un auteur sur trois, lui-même déjà victime

En France, on estime que chaque année, plus de 130’000 filles et 35’000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols, en majorité incestueux. Un auteur sur trois aurait lui-même été victime de violences sexuelles dans son enfance.

En 2016, quelque 19’000 personnes ont été condamnées pour viol ou agression sexuelle sur mineur. Et 400 personnes sont condamnées chaque année pour détention d’images pédopornographiques.

Et encore, ces statistiques sur les pédocriminels ne disent rien du nombre de «pédophiles abstinents», ayant une attirance pour les corps prépubères, sans pour autant commettre d’infraction. Au total, 5 à 10% des adultes pourraient avoir des fantasmes pédophiles, selon le Dr Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des CRIAVS.

Or, «il faut prendre en compte les auteurs pour éviter la récidive, mais aussi ceux qui ne sont pas passés à l’acte, pour éviter qu’ils le fassent», ajoute cette psychiatre installée à Toulouse.

Groupe de paroles pour victimes et pédophiles

Du fait de leur difficulté à évoquer leurs pulsions, les pédophiles «s’enfoncent dans leur problème. Cela favorise le passage à l’acte, et aussi l’impossibilité de vivre une sexualité épanouie», souligne-t-elle.

Dans son salon de la banlieue parisienne, la présidente de l’association l’Ange bleu, Latifa Bennari, réunit chaque mois depuis 1998 pédophiles abstinents et agresseurs pour un groupe de parole qui associe aussi des victimes.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles»

Abusée la nuit pendant plusieurs années par son beau-père lorsqu’elle était enfant, Juliana, 45 ans, fréquente ce groupe pour «comprendre ce qui se passe dans la tête d’un pédophile». Son récit a permis à Bruno, père incestueux, de prendre conscience que ses enfants ne dormaient pas quand il abusait d’eux. Un choc.

«Auteurs comme victimes souffrent. Mais c’est l’auteur qui impose sa souffrance à l’autre et en crée de nouvelles», analyse-t-il.

Il est «plus efficace d’apporter une écoute et une empathie pour sevrer que de durcir les peines d’emprisonnement», soutient Mme Bennari, estimant que «rien n’est fait pour éviter le premier passage à l’acte.»

Mais le message «reste compliqué à faire passer», observe le Dr Moncany, car la pédophilie suscite des «réactions encore très vives».

«On se heurte à des clichés, comme ce sont des monstres, pourquoi les aider? ou bien de toute façon, on ne peut pas les soigner. Alors qu’il y a des psychothérapies et des traitements médicamenteux validés», ajoute-t-elle. Encore faut-il pour cela, insiste Cécile Miele, sexologue à Clermont-Ferrand, former les soignants et déconstruire leurs propres clichés, car certains peuvent aussi avoir «peur pour leurs enfants».

Quant aux pédophiles, ils ont sur eux-mêmes «les mêmes préjugés, c’est pourquoi ils se détestent». «Ils consultent si on leur ouvre une porte. Sinon, ils ont bien trop honte.»

Violences sexuelles: dans l’équitation aussi

Violences sexuelles: dans l’équitation aussi

Une ex-cavalière professionnelle affirme avoir été victime de viols et d’agressions pendant son adolescence dans les années 80.

La Fédération française d’équitation (FFE) a annoncé vendredi à Bordeaux «une série d’actions» après avoir été interpellée par une ancienne compétitrice affirmant avoir été victime de viols et agressions pendant son adolescence dans les années 80 par trois encadrants.

Après une première réponse écrite de la fédération qui s’affirme «à l’écoute», la directrice technique nationale de la FFE Sophie Dubourg a indiqué à la presse, à l’occasion du Jumping International de Bordeaux, qu’une «série d’actions (allaient) suivre».

L’annonce intervient en plein scandale de violences sexuelles dans le monde du patinage.

«La proie et la victime»

Amélie Quéguiner, quinquagénaire, a expliqué dans une lettre au président de la FFE Serge Lecomte, postée sur son compte Facebook, avoir été «la proie et la victime» de trois hommes, «l’enseignant de mon club pendant 10 ans, le CTR (Conseiller technique régional) de l’époque à plusieurs reprises lors de formation dans mon club et déplacement en championnat, un autre enseignant lors d’un stage régional».

Elle explique avoir «porté plainte contre ces trois individus, même si les faits sont aujourd’hui prescrits». La plupart se seraient déroulés à l’époque dans les Pyrénées-Atlantiques, et hors de ce département pour des stages.

Le parquet de Pau a confirmé vendredi à l’AFP avoir classé sans suite pour prescription, fin 2019, une plainte déposée par Mme Quéguiner en 2018. Cette semaine, elle a annoncé sur Facebook avoir déposé une autre plainte. La gendarmerie a confirmé un dépôt de plainte, jeudi à Laroche-Chalais (Dordogne), visant deux personnes.

Amélie Quéguiner, ex-cavalière professionnelle de bon niveau régional, aujourd’hui directrice de centre équestre en Dordogne, a rappelé qu’elle avait déjà fait état il y a deux ans des viols par son agresseur principal, mais que les récentes révélations de patineuses ont été pour elle un «déclencheur», pour aller plus loin.

«Cela a éliminé la dernière honte qu’il pouvait y avoir en moi, me dire que je n’étais pas seule à avoir été victime de plusieurs, que ça pouvait se dire et qu’il fallait le dire», a-t-elle déclaré sur France Bleu Périgord. «J’avais envie de participer à la parole qui se libère en ce moment, afin de sensibiliser le plus de monde possible sur l’évidence que ces faits existent dans le sport et dans l’équitation en particulier».

«Flot de témoignages»

Dans sa lettre au président de la FFE, Amélie Quéguiner assure avoir reçu «un flot de témoignages» depuis ses premières révélations et sa plainte en 2018. «Il y a dans vos licenciés des dizaines de filles et de garçons, mineurs, agressés sexuellemet et violés», lance-t-elle à Serge Lecomte. «La majorité le sont par des enseignants, diplômés ou non, des cadres techniques, des encadrants, des maîtres de stage».

Dans sa missive, où elle répète a plusieurs reprises «dans l’équitation aussi», elle dénonce le fait que son agresseur principal, bien qu’aujourd’hui à la retraite, «continue de prodiguer son savoir lors de stages en centres équestres, et traîne toujours sur les paddocks et les terrains» de saut d’obstacles.

Dans un communiqué sur le site de la FFE, Serge Lecomte, évoquant la lettre de Mme Quéguiner, a affirmé jeudi que «sous (sa) présidence, tous les faits dont nous avons été saisis relevant de violence, déviance ou abus sexuels, ont systématiquement, et sans délais, donné lieu à la mise en place de mesures conservatoires», et saisine des services compétents de l’État et de la commission juridique de la FFE.

S’agissant des mis en cause par Mme Quéguiner, Mme Dubourg a assuré pour sa part que «ces trois personnes-là n’ont pas de missions fédérales, donc c’est d’abord (du ressort) du ministère des Sports pour le droit d’enseigner, la carte professionnelle et (de) la justice pour le pénal».

Mais «il faut qu’ils soient entendus. Le ministère et la Fédération prendront aussi leurs responsabilités face à ces trois personnes-là», a-t-elle ajouté.

 

Source: Lematin.ch

https://www.lematin.ch/sports/autres/violences-sexuelles-equitation/story/21524582