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Cinq conseils pour être un bon parent

Soucieux de ne pas reproduire un modèle éducatif archaïque et autoritaire, pères et mères cherchent de l’aide auprès d’ateliers de parentalité positive.

1) Se calquer sur le développement du cerveau

Grâce aux neurosciences, on comprend mieux le développement de l’enfant et on sait ce dont il est capable en fonction de son âge. «Les neurosciences nous ont appris toutes sortes de choses que nous ignorions avant et qui éclairent les comportements des enfants d’une tout autre lumière, explique Isabelle Filliozat, auteure française à succès de plusieurs livres sur la parentalité positive. Nous avons donc à désapprendre les erreurs de nos ancêtres pour construire une nouvelle parentalité.»

Facile à dire, mais plus difficile à faire. «Les parents sont stressés face au comportement de leurs enfants, ils veulent le meilleur pour eux, mais ne savent pas comment faire sans y laisser leur autorité, explique Charlotte Uvira, présidente de l’Association Ratatam-Plus, qui propose des ateliers de parentalité positive en Suisse romande. En développant leurs connaissances sur le cerveau de l’enfant, ils le comprennent mieux et s’énervent moins.»

Inutile en effet de se fâcher contre un bout de chou de 16 mois qui tire la queue du chat. Il ne cherche ni à blesser l’animal ni à narguer l’adulte. Il explore simplement l’univers qui l’entoure. «En tant qu’adulte, nous avons des exigences inadéquates vis-à-vis de l’enfant, explique la doctoresse genevoise Cornelia Gauthier, auteure d’Accueillir mon bébé avec douceur et bonheur. Dès que le petit parle, on le considère comme un mini-adulte.»

2) Avoir une approche plus démocratique

La société actuelle est davantage focalisée sur l’enfant, considéré dès son plus jeune âge comme un être humain à part entière. Au dire de certains, les explorateurs en culottes courtes d’aujourd’hui sont bien plus capricieux que ceux de jadis. «Les capacités de régulation émotionnelle des enfants d’aujourd’hui sont altérées par la sédentarité, les écrans, la nourriture polluée et pleine d’additifs, confirme Isabelle Filliozat. Les parents ont donc à développer de nouvelles stratégies face à des situations qu’ils n’ont pas connues enfants.» Marco Maltini, formateur en discipline positive, confirme: «Les enfants sont davantage informés et deviennent des experts dans certains domaines en dépassant leurs parents. L’autorité est ainsi mise en défaut. D’autant que la société actuelle est plus démocratique.» Mary-Laure Pfund, maman de quatre enfants, a suivi deux ateliers à Carrouge: «J’ai reçu une éducation autoritaire que j’ai reproduite avec mes deux aînés. Avant d’avoir les cadets, j’ai décidé de changer d’approche. Ces cours m’ont permis de communiquer autrement et désormais on ne hurle plus à la maison!» Pascale Wolff, maman d’un petit de 2 ans et enceinte d’une fillette, explique: «J’ai subi une éducation très stricte dans laquelle l’enfant n’avait pas voix au chapitre. Pour élever mon fils, j’avais besoin d’un autre modèle. Ces cours appréhendent l’enfant dans son statut d’être humain à part entière, c’est ce qui m’a séduite.»

3) Opter pour la bienveillance

Mieux écouter, accepter les émotions et les nommer, encourager les attitudes positives plutôt que de punir constituent les bases de la philosophie de la parentalité positive. Mais avec tous ces conseils et ateliers, le parent bienveillant d’aujourd’hui ne risque-t-il pas de culpabiliser quand il perd les nerfs ou de stresser quand le protocole appris ne fonctionne pas? «Suivre un atelier permet d’initier un processus pour changer progressivement de modèle éducatif», explique Rébecca Rod, animatrice à Carrouge. La jeune mère de deux enfants admet qu’il lui arrive aussi de s’énerver inutilement: «Nous sommes des êtres humains! L’important est de revenir sur le pétage de plombs et d’en expliquer les raisons à l’enfant. Il ne faut surtout pas culpabiliser.»

4) Favoriser le jeu libre au grand air

La plupart des ateliers de parentalité positive axent leurs théories sur le développement cérébral des petits. Mais qu’en est-il vraiment? Myriam Bickle Graz, médecin à l’Unité de développement du service de néonatologie du CHUV, explique: «Lorsque le bébé vient au monde, ses structures cérébrales sont en place, mais les connexions entre les neurones sont lentes. Dans la petite enfance, les connexions entre les différentes aires cérébrales sont encore rares. Elles prolifèrent en réponse à la stimulation et à l’expérimentation, avec une maturation qui va se poursuivre jusqu’à l’âge de 25 ans environ.» Et de poursuivre: «C’est en offrant un environnement riche et varié, en laissant le petit enfant évoluer librement à l’intérieur d’un cercle de sécurité que ses capacités vont se développer de manière optimale. Les plus lentes à maturer sont les fonctions exécutives, qui impliquent la capacité de planifier, de s’arrêter pour réfléchir, de s’autocritiquer. Inutile donc de faire la morale à un enfant de 3 ans ou de s’attendre à ce que ses capacités d’inhibition soient en place.»

Les fonctions exécutives sont un ensemble de fonctions cognitives, comme la flexibilité cognitive, la planification ou l’inhibition, qui permettent à un individu de changer de comportement en fonction des circonstances, de l’objectif souhaité et de l’environnement. Elles requièrent des circuits cérébraux complexes que le petit n’a pas. Elles se développent d’autant mieux lorsque l’enfant profite de suffisamment de temps de jeu libre en extérieur, là où nouveautés et découvertes sont nombreuses.

5) Ne pas sous-estimer les bienfaits de l’ennui

Myriam Bickle Graz met également en garde contre la surabondance d’activités encadrées. «La capacité de l’ennui est primordiale au bon développement de l’enfant, qui va ainsi se mettre à inventer des activités, à imaginer des univers.»

 

Image: Keystone